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Ethan Hawke était de passage à Montréal pour faire la promotion du récent long-métrage «Born to be Blue», dans lequel il incarne le tumultueux trompettiste Chet Baker. Petite production, le plus récent film de Robert Budreau, natif de l’Ontario, impressionne de par le traitement qu’il réserve à un sujet maintes fois abordé; celui du musicien prodigieux prisonnier de l’enfer de la drogue.
Depuis longtemps déjà, Hawke espérait pouvoir travailler sur un projet concernant l’un des plus grands du «West Coast Jazz» parce qu’il en appréciait particulièrement la musique. Celui qui faisait partie de l’équipe du brillant «Boyhood» nous offre ici l’une de ses meilleures performances dans le rôle d’un homme rebelle, mais fragile. C’est précisément le portrait que l’on dresse de l’artiste qui rend le film aussi intéressant; on oscille constamment entre le côté autodestructeur de l’homme et l’acharnement avec lequel il se consacre à sa passion. Sans être réellement une biographie, l’œuvre permet au spectateur de se glisser dans la vie d’un bon bougre qui se démène pour poursuivre sa carrière alors que tout s’écroule autour de lui.
Le film prend une certaine distance par rapport à la vie de Baker pour créer une trame narrative intéressante, mais jamais on ne se sent loin de l’homme qu’il était. La distance permet ici aux artistes de ne pas s’en tenir à une succession de faits, mais plutôt de peindre un portrait lyrique et profondément humain d’un type houleux, mais vivant. Même si le spectateur sait pertinemment que le musicien ne prend pas toujours les bonnes décisions, il ne peut s’empêcher de se sentir près de lui. On ne cherche pas ici à condamner, mais à comprendre un homme fragile et tourmenté qui tente désespérément de laver son honneur.
La musique, omniprésente tout au long de l’œuvre, y joue une part importante et offre aux spectateurs la possibilité de découvrir (ou de redécouvrir) Chet Baker. Les paysages simples, mais d’une beauté incontestable, sont en symbiose parfaite avec l’âme du personnage en tant que vecteurs de créativité. L’immersion dans le monde du jazz des années 1950 est complète et il est difficile de s’en détacher même à la sortie de la salle tant les costumes étaient subtils, mais convaincants.
Je ne serai pas le seul à le mentionner, mais Hawke livre véritablement une performance exceptionnelle et cette dernière devrait suffire à convaincre tout bon cinéphile de se déplacer pour encourager un film pertinent et touchant. Il est rafraichissant de savoir que le budget n’est pas toujours un gage de succès et de voir des artistes intelligents faire beaucoup avec peu.
Distribué par les Films Séville, le film « Born to be Blue » de Robert Budreau prendra l'affiche le 11 mars prochain partout au Québec.