Fondée en 2009 en Nouvelle-Zélande, la troupe The Dust Palace produit des spectacles qui combinent à la fois l’exaltation du cirque et la richesse narrative du théâtre. Pour leur dixième production, présentée en première nord-américaine dans le cadre de la Biennale CINARS 2016, la troupe présente The Goblin Market, une pièce inspirée par le poème du même nom de la poétesse anglaise Christina Rossetti.

Connue pour ses opinions fortes et avant-gardistes, Rossetti publie le poème Marché Gobelin en 1862. Animée par ce poème qui ne répond à aucune norme de poésie, la pièce parle de tentations, de sexualité, de sacrifices, d’érotisme, d’excès et de rédemption. On y raconte l’histoire de deux sœurs qui sont mises en danger par des gobelins, personnages fantastiques de la mythologie anglo-saxonne. Les thèmes abordés sont étonnamment actuels, et il est bon de voir le thème de la sororité évoqué en arts de la scène, dans une œuvre circassienne dans ce cas-ci.

Les spectateurs entrent en salle et déjà les artistes sont sur scène, masqués. La première performance est chantée, de style burlesque, pendant qu'une projection apparaît au même moment en arrière-plan. En retrait, l’un des artistes y mange un poulet entier. S’en suit un solo de contorsion et de tissu, évoquant la paranoïa et les obsessions, qui fait preuve d’une force et d’une flexibilité incroyables.

Les mots projetés derrière narrent l’histoire. We must not look. We must not buy fruits. Bien que le poème date de plus de 150 ans, les images projetées, elles, sont urbaines et colorées. C’est ensuite le tour des deux sœurs du poème de Rossetti au cerceau, aux sangles, pour à nouveau revenir au chant. Puis un étonnant numéro d’équilibre sur chaises. Puis d’équilibre sur les mains. You can’t save anyone from themselves. La maîtrise du corps est impressionnante.

Les disciplines présentées sont surtout aériennes, soit la corde lisse, les sangles, le cerceau, le tissu, le trapèze et les numéros d’équilibre. Les acrobates, Edward Clendon, Eve Gordon et Rochelle Mangan sont d’excellents acrobates. Bien que les disciplines mises de l’avant soient celles du cirque, il s’agit d’un spectacle de cirque contemporain, dans lequel on retrouve un propos et une vision artistique élaborés, ainsi que des liens constants avec la danse contemporaine, la musique, la vidéo, le chant et le spoken word. L’interdisciplinarité est au cœur du spectacle.

The Dust Palace est né d’un premier spectacle burlesque, en 2009, dans le cadre du festival Fringe : Burlesque As You Like It: Not A Family Show. Pour donner suite au succès de la pièce, la troupe s’est graduellement formée et plusieurs spectacles ont suivi. Aujourd’hui, en plus de la création de nombreux spectacles, The Dust Palace est également une école de cirque pour enfants et adultes. Pour The Goblin Market, ils proposent une pièce audacieuse, énergique et provocatrice, qui se veut parfois drôle, étonnante ou obscène.

Au Théâtre Centaur, jusqu’au jeudi 17 novembre 2016.

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