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Chaque été à l’Amphithéâtre Cogeco de Trois-Rivières, le public est convié à la Série Hommage qui promet toujours un univers créatif unique. Cette neuvième édition, célébrant l’œuvre de Daniel Bélanger, a dépassé toutes mes attentes.
Les Incouchables est un spectacle poétique, magique, qui nous plonge dans un rêve éveillé ; il m’a davantage touchée que l’ont fait les dernières propositions du Cirque que j’ai pu voir à Montréal.
On suit le personnage principal, « l’Homme-Qui-Ne-Dort-Pas » pendant tout le spectacle. François Blouin incarne avec brio cet homme, un peu âgé, qui semble d’une grande sensibilité et rêveur à souhait. Pour tromper la solitude d’une nuit d’insomnie, il bascule dans un univers onirique où ses souvenirs et ses divagations prennent vie.
Sur scène, le quotidien se métamorphose en extraordinaire. Le lit, toujours présent comme un personnage important, se transforme même en voiture le temps d’un voyage musical sur les routes de l’imaginaire.
La scénographie de Geneiève Lizotte est tout simplement grandiose. Un astre immense de près de 30 pieds de diamètre surplombe la scène, servant tantôt de lune, tantôt d’écran de projection. On peut ainsi accéder à des perspectives uniques, comme si on était au-dessus ou à l’arrière de la scène, permettant ainsi d’apprécier d'un autre angle, la complexité des chorégraphies. C’est un ajout très pratique, surtout pour les spectateurs des premières rangées qui ne voient pas toujours l’entièreté des personnages.
Pièce maîtresse de cet hommage, la musique de Daniel Bélanger sert de trame narrative à l’odyssée nocturne, et les arrangements musicaux, signés Jean-Phi Goncalves, sont exceptionnels. Ils réinventent des classiques comme Opium, Sèche tes pleurs et Rêver mieux avec une fidélité et une modernité qui nous font redécouvrir ces œuvres.
La voix familière de Bélanger nous guide comme un fil conducteur, et les paroles de ses chansons s’incarnent littéralement dans les numéros.
Les costumes, conçus par Philippe Massé, participent à cette fantaisie. On a l’impression que les artistes sont vêtus de leurs rêves : pyjamas surdimensionnés, draps et courtepointes transformés en habits de lumière. Les personnages — appelés Insomniaques attachants, Amoureux stellaires et Comète explosive — semblent tout droit sortis de l’imaginaire foisonnant de l’auteur-compositeur.
C’est la vision de Marie-Ève Milot qui a permis de tisser un lien fort et juste entre les prouesses acrobatiques et l’univers musical de Daniel Bélanger. L’approche de son équipe de création voulait créer un hommage empreint de tendresse, d’émerveillement et d’émotion, en s’assurant que la poésie n’est pas éclipsée par le spectaculaire. C’est réussi !
Au cœur de cette galaxie d’artistes, un couple de danseurs brille d’une lumière particulière : Gabrielle Boudreau et Abderrahmane Belkebiche, qu’on a vus à l’émission télé Révolution, sont incroyables. Présents dans de nombreux tableaux, ils lient les numéros avec une fluidité et une grâce remarquables.
Les chorégraphies signées par Gabrielle mélangent danse contemporaine et théâtre physique. Leur complicité est palpable, et leur langage corporel, d’une richesse inouïe.
J’ai vu d’innombrables spectacles de cirque, et bien qu’il en faille beaucoup pour m’impressionner, Les Incouchables y est souvent parvenu. Plusieurs numéros repoussent les limites de la physique, ce qui fascine la physicienne danseuse que je suis !
Dès le début du spectacle, on a le souffle coupé par l’artiste Julien Desforges qui défie la gravité sur une sangle, marchant sur un fil, suspendu par les cheveux sur les notes de la chanson Opium.
Autre numéro devant lequel je suis restée bouche bée : la barre russe, une sorte de poutre flexible utilisée comme un trampoline, où deux porteurs projettent dans les airs Pauline Bonanni, pirouettant à l’infini.
Sur un pot-pourri de l’album Travelling, deux artistes exécutent un numéro de mât chinois, mais avec une différence de taille : le mât est un lampadaire fixé sur une plateforme mobile qui oscille. La force centrifuge devient alors un élément central de la performance. Je n’avais jamais rien vu de tel !
La jonglerie me laisse habituellement indifférente, mais pas cette fois ! Avec cet engin d’où se déploient des panneaux inclinés, le jongleur crée une cascade de balles rebondissantes avec une précision déconcertante.
Je dois donner une mention spéciale à l’acrobate Islam Hudiiev. Infatigable, il traverse la scène comme une comète, enchaînant les culbutes par-dessus les sauts. Inspirée du tricking, sa gestuelle est explosive.
La magie de ce spectacle réside dans la fusion parfaite entre la musique que l’on connaît et que l’on aime, la danse et des prouesses de cirque qui nous font retenir notre souffle.
Cette expérience immersive, poétique et profondément touchante, plaira à toute la famille. Un forfait familial est d’ailleurs offert.
Les Incouchables — Hommage à Daniel Bélanger est présenté à l’Amphithéâtre Cogeco de Trois-Rivières jusqu’au 16 août 2025, dès le coucher du soleil, vers 20 h 45, la salle étant extérieure.
À un peu plus de 3 000 places assises sous le toit principal, s'ajoutent quelques centaines d’autres, sur l’esplanade gazonnée non couverte, de laquelle on a une superbe vue d’ensemble. La scène est immense autant en superficie plancher qu’en hauteur, ce qui est idéal pour les arts circassiens.