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Compagnie phare de l’Amérique Latine, la São Paulo Companhia de Dança est l’invitée de Danse Danse du 6 au 9 avril 2022 au Théâtre Maisonneuve. Triptyque écrit par trois chorégraphes invités, le spectacle mêle des univers poétiques différents qui se rejoignent tous par la technicité épatante des chorégraphies !
Edouard Lock ouvre le bal avec sa pièce Trick Cell Play où les corps des danseurs, entre ombres et lumières, semblent continuellement nous échapper. À la fin du spectacle, le chorégraphe revient sur ces « zones d’ombre choisies » qui laissent une place de taille à l’imagination et à l’interprétation des spectateurs.
Pièce en noir et blanc, Trick Cell Play s’inscrit dans une esthétique cinématographique qui déconstruit le vocabulaire classique. Dans une frénésie étourdissante, les danseurs entremêlent danse classique, contemporaine, tango et autres danses sociales. Au milieu de ce tourbillon de genres et d’émotions, le spectateur trouve refuge dans quelques airs de musiques reconnaissables, comme le célèbre air de Carmen, « L’amour est un oiseau rebelle ». Mais encore là, seules quelques notes retentissent et s’évanouissent aussitôt que le spectateur s’y attache.
Objet de remise en question à tous les niveaux, la pièce manque cependant une étape essentielle de la déconstruction : celle de l’hétéronormativité. On regrette ainsi que la passion amoureuse se joue seulement entre hommes et femmes et ne vienne pas casser les cadres instaurées à la fois par les danses sociales et la danse classique. Ce bémol mis à part, la pièce réussit à rendre compte de « la complexité non comprise du corps » en mettant en avant la polyvalence et la dextérité des danseurs de la compagnie.
De cet oiseau rebelle et frénétique, on passe, dans la deuxième pièce, à un Oiseau de feu, chorégraphié par le danseur allemand Marco Goecke. Après l’agitation du premier tableau, on se retrouve dans un cadre épuré où, seuls sur scène, un homme et une danseuse métamorphosée en oiseau, se font faces. Dans les bras l’un de l’autre, l’oiseau apprend à danser, l’homme à s’envoler. Ce pas de deux nous amène à repenser le désir de liberté et ses possibilités de réalisation par la danse. Malheureusement, cette interprétation, douce et poétique, de la célèbre pièce de Stravinsky, s’envole aussi vite qu’elle est apparue…
Bouquet final du triptyque, la pièce Agora, chorégraphiée par Cassi Abranches, conclut en beauté le spectacle ! Du temps qui passe au temps perdu, en passant par le temps qui nous rattrape et que l’on fuit, la chorégraphie explore le concept de « temps » sous toutes ses formes. D’entrée de jeu, les tic tac de la musique nous plongent dans l’engrenage complexe des horloges : le tempo est donné et sera gardé pour obtenir une synchronicité épatante chez les danseurs. Musique et danse ont d’ailleurs été composées conjointement et leurs rythmes endiablés nous transportent dans la chaleur latino-américaine. Ainsi, aux habituels réflexions moroses sur le temps, Cassi Abranches préfère des mouvements colorés et enthousiasmants pour finir avec joie ce triptyque de la São Paulo Companhia de Dança !
Pour assister à ce spectacle de qualité, rendez-vous du 6 au 9 avril 2022 au Théâtre Maisonneuve !