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Dans une salle intime et sombre, j’imagine et cherche tes imperfections, mes préjugés, tes justesses, tes excès, car à première vue et aux premiers mots, je ne te déchiffre pas encore. Que feras-tu, Jon Lachlan Stewart, seul durant 1 heure et 29 minutes? Qui deviendras-tu, que nous raconteras-tu? Et dans mon esprit déjà rempli d'images hollywoodiennes, j’écoute et regarde attentivement, pour la première fois sur une scène québécoise, Big shot présentée dans une version bilingue, au Théâtre Prospero.
Crédit photo: Théâtre Prospero
Big Shot construit une tension qui porte les lueurs d’un profilage social, et qui mène tout droit vers un événement tragique. Recréant peu à peu une scène centrale, l’histoire recommence sous tous les angles possibles. Il y a tout d'abord un petit garçon seul dans le Skytrain de Vancouver, qui surprend par son aspect singulier. Puis le protagoniste devient également un policier agité, un toxicomane en traitement, un vieux Japonais aigri, une mère brisée, un mystérieux cinéaste inspiré par cette soirée fatidique. Tous prennent forme, et ensemble s'assemblent pour une seule scène, un événement qui forme une unité et qui a de graves répercutions. Lorsque finalement les idées et les personnages sont fixés, de façon à former un tout organisé, on comprend que les moindres détails comptaient.
Big Shot, présenté par le Théâtre Surreal SoReal, est une pièce bilingue écrite et interprétée par Jon Lachlan Stewart. Depuis sa création en 2012, Big Shot a été joué partout au Canada, mais est interprété en anglais et français pour une première fois. Inspiré de quelques vrais événements qui se sont déroulés à Vancouver entre 2004 et 2008 , il y a un désir de l'auteur que les personnages de la pièce gardent un mystère, une barrière peut-être avec la langue.
«Dans un pays multiculturel comme le Canada, il y a des frontières culturelles internes qui peuvent créer des tensions qui se multiplient. Tensions that can escalate and explode in seconds . Quand on est citoyen d’un tel pays, communiquer, vivre et survivre peut être un défi en soi» écrit Jon Lachlan Stewart.
À une époque où les médias, les nouvelles et les gens ne parviennent pas à s’unir, à s’ouvrir à chacun, la pièce, sans être porteuse d’un message sociopolitique, explore le désir d'ouverture à l’autre et du vivre ensemble avec nos dissemblances. Se mettre dans la peau de quelqu’un de différent, soulever, percevoir, c’est ce qu’à fait Jon d’une manière surprenante en incarnant plus de cinq personnes à lui seul. Et on y croyait vraiment.
De Jon Lachlan Stewart
Traduction de Mélodie Roussell
Mise en scène par Georgina Beaty
Jusqu’au 29 avril au Théâtre Prospero.