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La nouvelle pièce La machine à révolte d’Annick Lefebvre était lue dans le cadre du Festival Dramaturgie en Dialogues. Comme dans sa dernière œuvre, J’accuse, ce sont des monologues percutants qui définissent la force de cette auteure dramatique.
D’entrée de jeu, c’est d’un sujet très difficile dont il est question, la mort. La meilleure amie de Mathilde, 17 ans, s’enlève la vie alors qu’elle n’avait rien vu venir. La mort des parents de Vincent, 37 ans, est aussi absurde qu’inattendue. Deux êtres diamétralement opposés, mais qui finissent par se trouver parce que la tristesse rassemble les cœurs brisés. Il s’agit d’un pari fort ambitieux de mettre en relation deux individus de 20 ans de différence. Ils ne sont tellement pas à la même place dans la vie et cela aurait pu être difficile pour le public de trouver ce qui les unit. Mais non, tout coule. C’est là qu’on se rend compte que les situations sont les mêmes tout au long de notre vie, peu importe l’âge, ou le temps passé avec la personne que l’on pleure. C’est vrai pour le deuil, comme exprimé dans la pièce, mais aussi pour les peines d’amour, la maladie, et toutes les autres situations qui sont susceptibles de nous affecter.
La pièce d’Annick Lefebvre ouvre les yeux sur l’importance de ne pas juger. Chacun vit sa peine à sa façon, selon son intensité, et cela doit être respecté. C’est aussi une nouvelle façon de dire : vous n’êtes pas seuls. Souvent on se sent incompris au sein de notre entourage, mais il faut savoir trouver une oreille attentive. Oui la pièce est triste, elle est déchirante, mais c’est aussi une belle leçon de vie, d’amitié et d’amour. Pour moi, c’est ça le théâtre : me faire réaliser des choses et ça, Annick Lefebvre l’accomplit avec brio.
Tout au long de la pièce, les monologues des deux protagonistes s’amenuisent de plus en plus et on croit qu’ils vont finir par se parler, se rejoindre dans le dialogue. Mais non, à quelques moments leur voix se croisent, dans un instant fugace de complicité où ils sont tous deux sur la même longueur d’ondes, mais ils continuent de parler d’eux, et pas de ni à l’autre.
C’est d’ailleurs ce qui est le plus frappant dans les pièces d’Annick Lefebvre : la capacité à parler de soi. Au théâtre, on est habitué à voir des pièces qui mettent en relation plusieurs individus, mais rares sont celles qui accordent le droit aux personnages de verbaliser leurs émotions. C’est rafraîchissant, cette nouvelle forme théâtrale. Les yeux rivés sur la scène, les deux acteurs avec comme seul accessoire un lutrin, nous n’avions rien besoin de plus. La force de la pièce réside dans le texte et c’est avec des lectures comme celle-ci que nous réalisons l’impact des mots.
Le festival Dramaturgies en dialogue avait lieu du 25 au 31 août 2016 au CEAD.