« Nous, les femmes, on ne "perd" pas la vie, non : on nous assassine. »

- Agnés Mateus et Quim Tarrida 

Le cri de révolte scandé par Agnés Mateus pourra être entendu du 3 au 8 novembre sur le plateau de La Chapelle Scènes Contemporaines. Co-écrit avec Quim Tarrida, la performance Rebota, Rebota, y en tu Cara Exploda déplore la passivité de notre société face aux féminicides.

Depuis 2017 la performeuse catalane Agnés Mateus percute la scène européenne (entre autres au Théâtre de la Ville à Paris et au Théâtre National de Bruxelles) avec son spectacle Rebota Rebota y en tu Cara Exploda. Avant cette première création, elle apprend l’art de la performance avec Txiqui Barraondo et Manuel Lillo, qu’elle pratique ensuite dans le groupe Colectivo General Eléctrica. 

« Après un aussi long temps à jouer avec les autres, à apprendre d’eux, nous sommes prêtes à dire ce que l’on pense ». 

- Agnés Mateus 

Dans Rebota Rebota, y en tu Cara Exploda, Agnés Mateus utilise son corps et l’espace public comme outil pour secouer l’immobilité face au constat macabre des féminicides. Pour cette première création, elle s’associe avec l’artiste multidisciplinaire Quim Tarrida. Tous deux influencés par l’esthétique néo-pop, ils essaient de mettre en avant l’ignominie de la violence domestique et sociétale. 

Les chiffres ne peuvent être plus clairs : deux femmes sont assassinées chaque semaine en Espagne et des milliers d’autres subissent quotidiennement des violences psychologiques et physiques. La performance se veut non seulement évocatrice, mais surtout provocante : le constat ne suffit pas, il faut sortir de l’immobilisme pour changer les choses. Dénoncer les féminicides c’est s’attaquer à sa cause première : l’infériorisation des femmes nourrie par les  stéréotypes de genre dans l’imaginaire commun. 

Seule sur scène, avec pour seul accessoire son pantalon à paillettes, Agnés Mateus déclame, non sans éclaboussures, les insultes que reçoivent et subissent les femmes au quotidien. En réponse aux tirs de balles réelles, Agnés Mateus envoie des boulets métaphoriques en plein visage des spectateurs sur un son techno fracassant. Expression de la rage des artistes, ces sonorités, presque assourdissantes, nous plongent dans un sentiment partagé entre anxiété et étouffement face à tant de violences tues.

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