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La série de textes Poésie du quotidien présente des sujets prosaïques avec une teinte poétique.
Les oreilles cirées, les souliers usés, le crâne dégarni et le ventre sorti. Un très vieux copain que je n’avais pas vu depuis des lustres me racontait une anecdote qui venait de lui arriver;
Je me tordais de douleur dans mon 1 ½ de la rue des pourris. Le pont était trop haut, le CHUM trop loin. Mon portable toujours sur la charge. Les morts criaient dans ma tête. Je les entendais derrière ma fenêtre. Il faisait 200 degrés dans ma boite crânienne. Je me sentais comme un volcan qui perds sa lave. Et je tremblais au sol, en attendant que quelqu’un vienne à mon secours. Je criais jusqu’à m’égosiller. Enfin un bon samaritain a fait que l’ambulance est venue . Putain de ma race. Qu’est-ce qui s’est passé pour être aussi déréglé? Encore mal barré.
C’était une pierre au rein avec infection aiguë. À la sortie de l’hosto, j’ai réalisé que n’ayant plus de famille, plus de mère, instinctivement en pleine crise, je me suis paradoxalement accroché à ma pierre et sa douleur pour espérer passer à travers. Il ne me restait plus que cela. Comme une forme anthropomorphique du ''Syndrome de Stockholm''.
Je l’ai quitté en lui souhaitant comme prochaine geôlière, une Pierrette avec qui jouer aux boules de geisha. Rien de mieux pour chasser la vraie douleur profonde.