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La série de textes Poésie du quotidien présente des sujets prosaïques avec une teinte poétique.
Le soleil tombe sur le cimetière du Mont-Royal. C'est magnifique. Cela me rappelle les menhirs de Carnac. Finalement, quand j’y réfléchis, il n’y a pas non plus beaucoup de différence entre les stèles alignées et une photo de finissants. Je pense à mon ami Paul, du collège, qui a disparu. Après coup, je me dis que j’aurais dû mourir à sa place. Mais il est trop tard, il est décédé. Je serais mort pour lui et il aurait vécu pour moi. Finalement, je crois que chacun aurait moins bien fait dans le rôle de l’autre. Du coup, lorsqu’un athlète offre sa victoire à quelqu’un de disparu avec un trémolo dans la voix, si vous saviez combien pour moi cela sonne faux et équivaut à rien, du vide, sauf pour l'ego. C’est d’ailleurs ce qui m’a poussé, moi, à faire un vrai geste concret de générosité. Ce sont ceux qui restent qui souffrent. Et dans le but d’abréger le deuil des veuves, j’ai déposé une gerbe de fleurs, accompagnée d’une carte signée: « Votre amour de toujours » au pied de toutes les stèles des hommes décédés depuis 2017. Je crois qu’en lisant ces cartes, plusieurs veuves ont déchanté et se sont libérées.
P.S: Texte inspiré de « À chaque vertu sa littérature immonde »
Louis-Ferdinand Céline.