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La série de textes Poésie du quotidien présente des sujets prosaïques avec une teinte poétique.
Une amie, me racontant son jour de l'an, me décrivait une vieille cousine germaine de sa mère, lesbienne et féministe de la première heure, qu’elle avait dû se taper avec ses becs mouillés, et sa conjointe trop parfumée.
"Elle a toujours tenté de cacher ses origines rurales, mais sa façon de marcher comme un cheval de trait nous le rappelle sans cesse. Et en plus en vieillissant elle pèse et sent un peu la jument.
Du coup, elle écrit de la poésie et, pas de bol, elle se prend pour Nelligan.
Une poésie qu’elle nous a imposée durant un trop long moment de la soirée, entassés que nous étions dans son petit appartement surchauffé, empestant le clou de girofle.
Avec le phrasé d’une mère supérieure, inspirée de sa mentore et ex-maitresse, la Gastonne Mironne des poétesses, elle donnait l'impression d’être en chaire à dire l’homélie (vivement David Goudreault, Beauchamps et Jutras).
Malgré son parlé pincé et son air solennel, elle ne maîtrise pas bien la langue de Molière. Et contrairement à ce qu’elle croit, le fait d’habiter Outremont n'arrange rien. Une authentique « pisseuse » qui ne fait pas plus de bruit qu'un chapelet, lorsque j'imagine ses nuits d'insomnies, cachée dans un placard se délectant de tout un régime de banane. En fait, une autre petite souris qui déteste les vilains chats comme toi.
Au demeurant, on a l’impression qu’elle a acheté en 1980 le condo modèle où elle habite et qu’elle n’a jamais changé la décoration depuis. Tout y est « raccord » comme à l’époque. Même les fleurs séchées avec son chemisier.
Mais dans tout cela je ne suis pas objective, car elle avait offert à ma mère de lui donner sa recette de tourtière et à la fin de la soirée lorsque ma mère le lui a demandé, comme ça, sans raison, elle lui a dit qu’elle ne voulait plus jamais la revoir de sa vie."
Bonne année cousine germaine.