Inscrivez-vous
Des offres exclusives et événements gratuits
La série de textes Poésie du quotidien présente des sujets prosaïques avec une teinte poétique.
Je suis parvenu à obtenir une entrevue d’un antivax pur et dur. Il participe d’ailleurs à certaines manifestations. Au bout de quelques verres et louvoiements, il m’a vraiment surpris.
« J’ai la covid. Et c’est en me promenant dans les centres commerciaux que j’ai compris le sentiment de puissance que pouvait avoir un terroriste avec une ceinture d’explosifs autour de la taille. Tout ce qui a bouleversé la planète depuis 2 ans et dont on parlera encore dans 100 ans, je l’ai en moi. C’est moi le Tout-Puissant. C’est moi le virus. J’ai le doigt en permanence sur le bouton de la contagion.
Rien! Je ne risque rien. Tout ce qui nous menace et dont on parle sur les réseaux d’information en continu ne me vise plus. Je suis le tireur d’élite. C’est exactement comme à la pétanque; mon passe-temps favori. "Tu te pointes et je tire." Tout le monde a peur sauf le tireur. C’en est jouissif. On dit que c’est pour cette jouissance que les milliardaires continuent de jouer avec leur fortune. Imaginez les sensations. Vous habitez Montréal et presque la totalité des deux millions de personnes a peur. Mais pas vous. J’irais même jusqu’à dire que j’ai l’impression d’être craint. Je me vois en Clint Eastwood entrer dans un village dans un western spaghetti. Je saisis enfin pourquoi il salivait en mordillant son cigare.
J’ouvre la bouche où je touche et je fais mouche. C’est inhumain de me demander de perdre cela en allant me faire vacciner. Je n’ai jamais été qu’un lambda coincé dans "le Mythe de Sisyphe". Maintenant, je me sens libre comme si j’avais un permis de port d’armes. »