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La série de textes Poésie du quotidien présente des sujets prosaïques avec une teinte poétique.
La fromagère du village avait une vraie tête de fromage derrière une couenne dure. La plupart la surnommait «caramelle», à cause de la couleur de ses poils aux aisselles. Pour d'autres, qui disaient qu'elle sentait le petit-lait et goûtait la fraise, c'était pour la couleur de ses mamelles. Ceux-là l'aimaient. Les autres l'adoraient.
Elle vient de se fondre pour toujours dans la mémoire de chacun de ses clients, car le virus a emporté son établissement de plus de vingt ans.
Je l'ai revue récemment, à la fromagerie toute pasteurisée d’un supermarché de la ville d'à côté. Elle était bien coiffée, les aisselles rasées, les dents blanches et souriante. Elle y vendait des fromages de lait de vaches nourries à l'huile de palme des tropiques.
J'ai senti, en m’approchant d'elle afin de l'embrasser, que tout ce qui lui restait de caramel, c'était un arrière-goût de brûlé qui lui collait au palais.