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La série de textes Poésie du quotidien présente des sujets prosaïques avec une teinte poétique.
C’est demain que Nicolas quitte le loft. Dernière nuit. Elle couche chez une amie.
Des boîtes trop légères. Pas besoin de muscles, mais un cœur solide. Nicolas fait semblant de forcer, pour ne pas pleurer.
Il quitte du trop plein, pour du vide. Mais il n’y a rien de plus lourd.
Tellement épuisé, qu’il en tremble. Nicolas va s’étendre, mais ne trouve pas le sommeil.
Rongé par le tourment, la colère et la peine, il souhaiterait se décérébrer et devenir un fou sans frontières.
Un détraqué du monde: sans couleurs, ni grandeur, plus de besoins, plus d’émotions, de principes et de valeurs. Plus rien que de la pure folie.
Étouffant, Nicolas bondit de son lit et court vers la terrasse sur le toit de l’édifice, afin de mieux respirer.
Déjà, à l’aube, les klaxons stridents, les camions de livraison qui bipent, les balais mécaniques se raclent la gorge, les cris de désespoir des derniers noceurs de la nuit qui titubent entre les premiers cyclistes hystériques et piétons au port altier de début de journée.
Nicolas lève la tête et aperçoit l'exubérant pont Jacques-Cartier, puis le phare de la place Ville-Marie qui dramatise des recoins de ciel.
L’ensemble est enfumé par les rôtisseries portugaises qui crachent leur charbon, comme de vieux paquebots, dans un ciel d’orage.
Soudainement, Nicolas s’imagine être l’artiste devant sa dernière toile, prenant son envol et traversant cette fresque cacophonique d’une beauté effarante afin d’y apposer la touche finale.