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La série de textes Poésie du quotidien présente des sujets prosaïques avec une teinte poétique.
Maman c’est à ton tour de venir en moi; rentre dans ma vie et tu verras ma folie infinie; ma souffrance sans douleur, la vraie, celle qui fait peur. Marinée jusqu’au nez, pour mieux sentir la terre pestilentielle et le vide éternel. Hé la mamelle, habitue-moi aux saveurs de purin qui vont me remonter jusque dans l’éternité. À genoux, une pipe! Debout les fous. Courons jusqu’à l’asile. Les portes vont fermer, et nous finirons devant un pare-brise. Seul plaisir que le vent nous tend. Qu’est-ce que l’on boit pour oublier que l’on est? Du lave-glace, qui pourtant me rappelle ton lait amer pour me garder sur terre, maman. Et puis, ma mère sans goût, sans odeur, sans amour. Ma mère de pierre de sel de mer, stérile. A la guerre comme à la guerre, disait mon père à ses matins de rien. Et pourtant, je continue dans le sifflement du vent vers le néant. Allez maman, passe-moi ta bouteille de petit blanc pour épargner le tien en attendant ton cancer du sein. Avec Dieu, on est entre bonnes mains. Apprends-moi la vie. Tout ce qui en restera, c’est d’avoir appris à crier à toi. Puis nourris-moi maman de ce lait battu par papa. Va maman, console-moi maintenant que je suis bien vivant. Console-moi de toi.