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La série de textes Poésie du quotidien présente des sujets prosaïques avec une teinte poétique.
Vous voyez bien qu’elle manque d’eau et qu’elle est toute sèche et recroquevillée. Elle n’arrive plus à s’étirer pour attraper un rayon de soleil qui pourrait l’encourager.
C’est ma mère qui vit sa dernière défloraison dans un CHSLD, avant d’être dépotée.
Quatre-vingt-dix ans et trompe encore le néant. En revanche, elle souhaite devenir libre de son corps, qui ne retient plus rien. Trop déglinguée pour être réparée, elle se sent de plus en plus paralysée, comme dans un plâtre qui sèche à vitesse grand V. Elle est loin de devenir un courant d’air comme elle l’espère. Elle se rapproche davantage d’une masse inerte.
Ma mère se sent pétrie d’angoisse et traquée par la sénilité. Elle se demande quel est ce lieu étrange rempli de brigands qui l’entourent. Elle en a assez de jouer au chat et à la souris avec les objets.
Ma mère esthète dans l'âme, souhaite être bien coiffée lorsqu’elle sera incinérée. En revanche, elle n’aura pas droit au fixatif ni au vernis à ongles, étant des produits toxiques, à haute température.
Mais au crématorium, on risque d'avoir la surprise de quelques effluves de «Flower de Kenzo».