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Présentée à l’Usine C dans le cadre de la 19e édition du Festival TransAmériques (FTA), la pièce danses vagabondes de Louise Lecavalier poursuit la recherche d’un langage corporel brut, instinctif, et profondément incarné. Seule en scène, la danseuse et chorégraphe livre une heure de spectacle de danse contemporaine solo où l’intensité est au rendez-vous.
danses vagabondes, dont le titre est inspiré du livre Écrits vagabonds, de Carlo Rovelli, s’inscrit dans une démarche où la pensée scientifique et la sensation physique se frôlent, s’observent, parfois se répondent. Comme les fragments philosophiques du physicien, la danse de Lecavalier semble faite d’élans, de ruptures, de tentatives de saisir l’insaisissable.
Au fil de morceaux électroniques, la mise en scène tout en simplicité se fait complémentaire aux tableaux de la danseuse. Différents puits de lumière créent des corridors, des passages lumineux dans lesquels elle effectue des allers retours presque hypnotiques par leur répétition et leur intensité. Lumières et décors accompagnent les variances de cette intensité, passant d’un éclairage orange vif à une luminosité plus tamisée mettant en valeur l’ombre ou la silhouette de la danseuse lors de passages plus lents (aussi rares soient-ils).
Malgré le certain côté abstrait de la pièce, impossible de ne pas se sentir interpellé par la présence scénique incomparable de la danseuse. Dans la salle comble de l’Usine C, elle commande l’attention de son public par son regard perçant, sa respiration essoufflée audible et sa capacité de maintenir l’attention de son spectateur. Ce qu’elle propose n’est pas explicite et est difficile à saisir précisément, mais c’est la rencontre de cet univers intelligible d’une artiste assumée qui rend la proposition si captivante. C’est l’unicité de la pièce modelée pour et par son interprète qui en fait un moment intime. Difficile de savoir d’où on part et où on cherche à aller; on y vagabonde, on y voyage intensément.
Inutile de tout comprendre ou d’être un mordu de contemporain pour être ébahi devant l’expertise sans équivoque du travail chorégraphique de Louise Lecavalier. L’éventail de mouvements créatifs de danses vagabondes est gigantesque. Certains d’entre eux évoquent des images communes (rappelant parfois des postures de mendiant, d’animaux, etc.), d’autres non, mais tous sont habités pleinement à travers le corps de la danseuse qui ne fait qu’une avec sa musique, comme si tous les sons et notes de la musique étaient en parfaite symbiose avec elle, inséparables. Une gamme de mouvements versatiles, tant dans leur amplitude que leur niveau, mais tous liés par une vision artistique cohérente où l’intensité est reine.
Au-delà de la construction chorégraphique, la maîtrise du corps de Louise Lecavalier est renversante. Qu’elle exécute des déplacements nécessitant une immense coordination ou de subtils mouvements du bout des doigts, l’artiste de 66 ans contrôle et vit son art avec une grande précision. Rien n’est laissé au hasard, et pourtant tout semble émerger dans l’instant, comme improvisé à même l’élan vital.
Les représentations de danses vagabondes, présentées à l’Usine C dans le cadre du FTA, ont lieu du 31 mai au 4 juin. Le FTA se déroule du 22 mai au 5 juin, à Montréal.