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Philippe Katerine n’est pas un chanteur. C’est un concept. Un ovni en toge, un poète dadaïste qui aurait avalé un clown et lu Freud en slip. Depuis ses débuts, il trace sa route loin des codes, entre absurdité, tendresse et provocation douce. Avec son regard d’enfant qui vient de faire une bêtise, il cultive l’art de l’étrange, du décalé, du « je m’en fous, mais je le fais très sérieusement ». En bref, c’est un homme étrange — et c’est exactement ce qu’on aime chez lui. Hier soir, mardi 17 juin, dans le cadre des Francos de Montréal, il a transformé la scène du MTELUS en laboratoire de douce folie, dans un spectacle aussi drôle que magistral.
Dès les premières secondes, le ton est donné : Katerine débarque sur scène costumé en Reine d’Angleterre. L’image est délicieusement absurde, et c’est exactement ce qu’il faut pour plonger dans son univers. Il enchaîne les morceaux comme des sketches, les sketches comme des morceaux, brouillant sans cesse les frontières entre concert, one-man-show et performance artistique. Ce qu’il propose n’est pas un simple show musical : c’est une expérience totale, un manège sensoriel où se mêlent humour, poésie, et parfois même une touche de tendresse militante.
Car oui, derrière les blagues absurdes et les déguisements improbables, Philippe Katerine dit des choses. Il dénonce, il questionne, il interroge notre époque, nos peurs, nos corps, notre rapport aux autres. Mais il le fait à sa manière : avec douceur, humour, et des images complètement perchées. Katerine, c’est un peu le gourou bienveillant de l’anti-normalité.
Et puis il y a les moments de pure folie. À peine remis du costume de Reine, il se met tout nu — ou presque — affublé d’une couronne de fleurs. Un peu plus tard, il fait monter sur scène un spectateur déguisé en banane. Son nom, en toute logique : « Guillaume la banane ». S’ensuit un duo improvisé entre l’artiste et le fruit géant, dans une ambiance de kermesse psychédélique. Ça fonctionne à merveille : la salle rit, chante, danse, adhère totalement à cette douce dinguerie. Philippe Katherine a un public qui lui ressemble.
Ce qui m’a le plus frappée, c’est la sincérité qui traverse tout le spectacle. Katerine est pleinement lui-même, libre, sans filtre. Ses musiciens, eux aussi tout droit sortis d’une comédie musicale absurde, participent avec jubilation à cette grande fête bordélique. On sent une vraie complicité entre eux, une joie simple de faire de la scène un terrain de jeu, et non un temple du « joli » et du « bien chanté ».
Le point d’orgue arrive avec Louxor J’adore : l’un de ses tubes les plus connus, qu’il interprète… déguisé en furoncle. Gonflable. Qui grossit au fur et à mesure que la chanson avance. C’est grotesque, c’est génial, c’est du pur Katerine. Et le public, ravi, en redemande.
Honnêtement, je n’ai jamais vu un concert pareil. C’était en dehors de tous les codes, et c’est précisément ce qui m’a le plus plu. Philippe Katerine donne l’impression d’un gentil fou qui aurait pris la scène en otage, mais il s’amuse comme un enfant, et toute la salle du MTELUS s’est laissé emporter avec lui dans cette joyeuse décadence.
Foncez voir ce spectacle si vous en avez l’occasion, c’est du génie. Suivez notre couverture des Francos ici.