Inscrivez-vous
Des offres exclusives et événements gratuits
Vendredi 4 juillet, au Théâtre Hector-Charland de L’Assomption, Monarque Productions présentait la première médiatique de Toc Toc, fameuse comédie de Laurent Baffie « ovationnée aux quatre coins du globe », dans une mise en scène de Pierre-François Legendre.
Six patients sont réunis dans la salle d’attente d’un célèbre psychiatre qui tarde à arriver. Après que chacun se soit successivement présenté et ait étalé son trouble obsessionnel-compulsif (TOC) au grand jour, le groupe se résout d’abord à jouer au Monopoly, pour mieux tuer le temps d’attente qui se prolonge indûment, et ensuite à se livrer à une thérapie de groupe improvisée en l’absence du psy.
Marcel Leboeuf est Vincent, un chauffeur de taxi atteint d’arithmomanie, c’est-à-dire qu’il ne peut s’empêcher de tout compter et calculer, en plus d’être un avide collectionneur.
Pierre Brassard, Fred, est un éditeur à la retraite qui souffre du syndrome de Gilles de La Tourette, qui le pousse irrésistiblement à proférer des insanités et à poser des gestes obscènes à tout bout de champ.
Steve Gagnon, Bob, est un concepteur de jeux vidéo obsédé de symétrie et incapable de marcher en travers de la moindre fente.
Blanche, incarnée par Brigitte Lafleur, est une technicienne de laboratoire nosophobe, qui redoute hystériquement microbes et maladies.
Josée Deschênes - la Lison, alias Creton, de la célèbre série télé québécoise La Petite Vie - est la bigote Marie qui se signe à tout propos et est une obsédée de la vérification à répétition.
Marie-Soleil Dion, Lili, souffre de palilalie. Elle se doit de tout répéter ce qu’elle dit, entend et même fait, au moins deux fois d’affilée.
Le décor est sobre et majoritairement blanchâtre, rehaussé de structures en bois, évoquant adéquatement une salle d’attente plutôt froide et impersonnelle, désencombrée, fonctionnelle, sous constant éclairage plein jour.
L’ensemble de cette distribution hors pair donne la pleine mesure de son vaste talent. Chacun et chacune y incarne un personnage caricatural plus vrai que nature.
Les blagues langagières et visuelles se succèdent à un rythme soutenu, ce qui engendre chez les spectateurs des réactions qui vont du simple rictus aux francs sourires, aux rires discrets et aux bruyants éclats de rire. Bref, on se bidonne régulièrement et abondamment sans pour autant se rouler par terre dans les allées.
Je m’abstiens de jouer le divulgâcheur en ne vous révélant sciemment pas le punch final et en ne vous racontant strictement aucune des blagues entendues, ou situations loufoques dont le spectateur et témoin. C’est un spectacle à voir et à entendre, absolument.
À mon humble avis, qui n’engage que moi, bien que tous livrent de remarquables prestations, c’est le Vincent chauffeur de taxi de Marcel Leboeuf qui vole le show, suivi de près par le Fred de Pierre Brassard, le Bob de Steve Gagnon et la Marie de Josée Deschênes.
C’est que le Vincent en question prend le contrôle de la salle d’attente notamment par son aplomb, sa vive répartie moqueuse, son sarcasme occasionnel et sa propension à imiter le TOC des autres. Et n’oublions surtout pas qui se cache sous ce Vincent : un vétéran et émérite comédien dont l’immense talent pour la comédie, semble-t-il autant inné qu’irrépressible, est des plus patents. Marcel Leboeuf s’approprie son personnage à la perfection et domine la scène qu’il habite comme son 2e chez-soi.
Le sympathique Fred de Pierre Brassard est indubitablement comique et admirablement bien campé sauf que, lorsqu’il y va d’un de ses intempestifs jurons, la prononciation claire n’est pas toujours au rendez-vous, ce qui nuit à sa compréhension et le prive probablement d’une réaction plus généralisée de la salle. Dans son désir de détonner à tue-tête l’articulation y perd en qualité. Or, lorsqu’il parle normalement, le Fred de Pierre s’exprime dans un français que je qualifierais d’international soigné, articulé et donc fort compréhensible.
C’est une performance bouffonne quasi athlétique qu’offre Steve « Bob » Gagnon, qui se livre à l’escalade ainsi qu’au funambulisme et à l’acrobatie sur chaises pour ne pas avoir à marcher sur une « craque ».
L’impayable et surdouée Josée Deschênes, d’abord discrète et toute en retenue après son entrée sur scène, y va éventuellement de quelques bonnes vannes et performances burlesques qui font allégrement s’esclaffer la salle. Elle a du métier à revendre, ça crève les yeux et ça s’entend.
Brigitte « Blanche » Lafleur n’est pas en reste non plus, bien au contraire, dans sa lutte effrénée contre les infections et ses fréquentes courses au lavabo, qui exigent un grand déploiement d’énergie.
Bien que le personnage de Lili, la « répéteuse » compulsive, m’ait plus agacé (de par la nature même de son TOC) que fait rire, je n’en souligne pas moins la mémorable prestation de Marie-Soleil Dion qui a, elle aussi, généré son lot de rires bien sentis.
Au final, un excellent divertissement et un très agréable moment à passer en compagnie d’une distribution survoltée qui nous offre du théâtre hilarant, d’où le titre de ma critique.
Toc Toc sera à l’affiche du Théâtre Hector-Charland jusqu’au 2 août. Procurez-vous des billets en accédant au site internet du théâtre qui a également de nombreux autres spectacles à vous proposer.