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Didier Lucien est né en Haïti, mais a vécu au Québec toute sa vie. Aussi, lorsqu’on lui demande d’animer une émission de télévision sur son pays natal, doute-t-il de sa légitimité à en parler. Bouleversé par son ignorance, il est envahi d’un sentiment d’incomplétude et entame des recherches sur l’histoire d’Haïti et sur celle de sa famille. Sur place, il est confronté à deux séismes : celui qui vient de frapper le pays, et son for intérieur.
Mis en scène par Guillaume Chouinard, le cheminement identitaire et géographique de Didier Lucien s’initie sur le plateau d’une émission de télévision. Didier Lucien distille des informations factuelles au rythme de la mécanique d’un prompteur imaginaire alors qu’en arrière-plan défilent les images d’un truculent montage vidéo schématisant le massacre du peuple Tainos par les colons espagnols et le repeuplement de l’île d’Hispaniola par les esclaves, eux-mêmes charriés par les colons français pour récolter la canne à sucre. La chronologie s’étire et s’étend jusqu’à l’arrivée au pouvoir du tristement célèbre autocrate François Duvalier, surnommé Papa Doc.
Catapulté dans l’antichambre du pouvoir au moyen d’une faille spatio-temporelle, on assiste à la naissance d’un tyran, clamant en créole un enjolivant discours populiste. Dédoublé sur scène et à l’écran, François Duvalier (Didier Lucien, toujours) se parle et se questionne sur les fins et moyens d’obtenir un pouvoir absolu. Comment agir en bon duvaliériste ? Et comment se débarrasser des inutiles et des dissidents ? Dissocié à l’écran et sur la scène, le personnage triple de Duvalier s’abandonne avec un calme olympien à la folie d’un génocide parfaitement chorégraphié, rythmé par les pleurs et les cris de ses victimes.
Maintenant officiellement grimé en bourreau, Didier Lucien nous invite à nous bander les yeux et plonge la salle dans le noir et le silence. Pour nous contraindre habilement à prendre conscience de notre condition de spectateur à la merci de l’artiste-dictateur. Aussi se lève-t-on docilement pour scander une prière détournée en l’honneur du dictateur.
« Ai-je du sang de dictateur ? », une simple question qui convoque pourtant une problématique identitaire complexe. La performance de Didier Lucien (incarnant tour à tour un présentateur télé, une chanteuse créole, un bourreau et un dictateur avec une agilité époustouflante) est indéniable, soutenue par l’ingénieuse mise en scène de Guillaume Chouinard. Cependant, l’énergie de cette quête identitaire à vocation universelle se perd dans quelques scènes passablement décousues et alambiquées.
Ai-je du sang de dictateur ? à l’Espace Libre du 27 janvier au 11 février
Production
Didier Lucien,
parrainé par le Nouveau Théâtre Expérimental
Texte et interprétation
Didier Lucien
Mise en scène
Guillaume Chouinard
Didier Lucien
Conception
Louis Bond, J. Christian Gagnon, Thomas Godefroid, Pierre Laniel, Alain Lucien, Jacinthe Perrault, Éric Trottier, Jasmine Wannaz, Marie-Sophie Roy
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